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Licencié de l'aviation en 1946, Michel Doyon reprend son travail, quitté pour s'enrôler en 1942, au Petit Séminaire de Québec.  Quelque temps après, il est promu au secrétariat de la Faculté des Sciences situé, à cette époque, sur le boulevard de l'Entente, dans la paroisse Saint-Sacrement.  C'est là qu'il prend connaissance des cours payés aux vétérans par le Gouvernement fédéral. Lui et sa petite famille demeurent au 2, rue Bourlamaque, dans la paroisse Notre-Dame-du-Chemin.

Il se rend à son travail en bicyclette, par le chemin Sainte-Foy. C'est un parcours très occupé: beaucoup de circulation car le chemin Sainte-Foy est une des entrées principales pour se rendre au Centre-Ville. Un peu comme l'est maintenant le boulevard Laurier.

Michel Doyon ne tarde pas à constater un nouveau développement dans Saint-Sacrement. On construit tout au long du chemin Sainte-Foy. Il est intéressé principalement par ce qui se passe entre l'avenue Holland et l'avenue Belvédère. Un de ses anciens confrères de classe au Petit Séminaire, J-Adrien Boivin, s'est découvert des talents en construction. C'est lui qui construit Lévis Tardif au coin d'Adolphe-Routhier, et plus tard, Jacques Gagnon au coin de Louis-Fréchette.

Michel Doyon s'aperçoit qu'il y a beaucoup de touristes chez Lévis Tardif. Quand on construit sur le chemin Sainte-Foy, entre Sir Adolphe-Routhier et Ernest-Gagnon, et qu'il voit ces maisons en vente, il parle de son idée à l'abbé Adolphe Doyon du Séminaire de Québec qui lui prête 3 000 $. Il paie le 725 (1215) 15 000 $, et donne son emprunt comme comptant. Pas sitôt installé, il s'aperçoit vite qu'il lui faut absolument acheter aussi le 735 (1223) s'il ne veut pas être coincé entre deux voisins qui n'aimeront certainement pas les activités auxquelles il va se livrer dans sa nouvelle acquisition.

Cette fois-ci, il réussit à emprunter les 6 000 $ exigés comme comptant aux autorités du Séminaire de Québec, grâce à l'aide de son frère Jean-Luc. Ils sont propriétaires égaux de cette nouvelle propriété. Jean-Luc remettra sa part à Michel, le 13 mars 1972, copie enregistrée à Québec, le 15 mars 1972 (no. 714 131). Ces deux prêts, abbé Doyon et Séminaire de Québec sont sur billets. Aucune hypothèque, aucune garantie que leur parole.

Michel Doyon n'a pas d'économies. Il doit maintenant meubler deux maisons et les avoir prêtes à fonctionner le plus tôt possible. Une, le 725, est prête au commencement de juillet 1947; l'autre, un mois plus tard. Tous les meubles ont été achetés à crédit chez Légaré. Simone Coderre, son épouse, fait les rideaux et s'occupe de toute la décoration. La main-d'oeuvre est dispendieuse. Il a donc recours à son père et à ses frères et soeurs qu'il convainc de déménager de St-Benoît. Il a aussi recours à son frère Jean-Luc et à un ami, François Marier.

Financièrement, il a recours à la Household Finance, à Moïse Darabaner (une fois), à la Banque Provinciale, à la Banque Nationale, etc. Tantôt en deuxième hypothèque, tantôt en troisième hypothèque; tantôt sur une maison, tantôt sur l'autre. Simone Coderre abandonne ses activités de secrétaire à l'Université Laval pour consacrer tout son temps et ses énergies à l'exploitation du commerce.

Michel Doyon, quant à lui, conserve son emploi afin d'assurer l'équilibre des revenus, puisque le tourisme est une activité saisonnière dans la Vieille Capitale. En effet, la saison touristique y est concentrée de la mi-juin à la mi-septembre.

Ainsi, afin d'assurer des revenus tout au long de l'année, on loue des chambres à des étudiants de la mi-septembre à la mi-juin. Ainsi, au cours de l'été les revenus sont substantiels alors que durant le reste de l'année les revenus sont faibles. Les surplus de l'été sont, de façcon systématique, réinvestis dans l'entreprise familiale; les revenus générés par le marché étudiant de même que par la "Librairie Philosophique Michel Doyon" à laquelle collabore son épouse, permettent tout juste à l'entreprise de se maintenir à flot durant l'automne, le printemps et l'hiver; les revenus issus du travail de Michel Doyon, comme secrétaire au Séminaire de Québec, peuvent continuer à assurer la subsistance de leurs sept enfants.

Dû à la saisonnalité des revenus de même qu'à la philosophie des propriétaires consistant à réinvestir les surplus des projets d'expansion, l'évolution du Motel s'est faite au prix de problèmes de liquidité chronique. A la lumière des principaux projets accomplis au cours des années on pourra un peu mieux saisir l'ampleur de ces problèmes.

Au cours des 10 premières années de son existence, la compétition était faible et venait de maisons de chambres environnantes qui rivalisaient de ruse pour attirer lestouristes chez eux. Simone's Haven était, de loin, celui qui avait mis au point les meilleures techniques. Des agents d'information touristique acheminaient les touristes chez Simone's Haven, puis, à partir de 1956, au Motel Doyon. Lorsque toutes les chambres étaient louées, on allait reconduire les touristes chez les compétiteurs de qui on percevait une commission sur la chambre et sur le tour de ville que l'on vendait.

Graduellement, on passa de la « location à l'année scolaire » à la « location au mois ». Il devenait de plus en plus difficile d'engager des gens dans un bail à court terme, non renouvelable. 

Ainsi, en juin de l'année 1973, Michel Doyon dut abandonner son travail au Séminaire de Québec pour se consacrer à plein temps à l'exploitation du commerce. Le nouveau mode de location, avec son taux de vacances associé, l'amena à découvrir une nouvelle clientèle: les travailleurs. Avec le temps il garda des unités affectées à la location quotidienne qui généraient près de 40% des revenus. Et ce, sans sollicitation ou promotion aucune.